Carmen Legros, membre du jury du Marathon photo MAP-Poussière d’image 2019

Carmen Legros, quel est votre parcours photographique ?
J’ai commencé à m’intéresser à la photographie en parallèle de mon cursus artistique. Dessin, peinture, je voulais m’ouvrir à un autre domaine artistique.
En 2013, j’ai décidé d’approfondir cette pratique, en intégrant l’ETPA. J’ai suivi un cursus de Praticienne photo, pendant deux ans, dont j’en suis sortie diplômée. Cela m’a permis de connaître les bases techniques nécessaires pour exploiter au mieux le boîtier et de façonner ma créativité, « ma patte artistique ».
En sortant de cette école, j’ai proposé des expositions : à l’Evasion bar, la Fabrique (bar), également à la MJC d’Empalot avec l’association « Dédale », et puis j’ai présenté « Présence » dans un lieu atypique en plein centre-ville de Toulouse. Les expositions sont de belles expériences, autant sur un point personnel que professionnel. Tu apprends à te présenter, ainsi que ton travail, et tu fais des rencontres. Il est très important d’apprendre de l’autre, de pouvoir écouter les critiques, c’est une notion nécessaire pour avancer.
Et puis une opportunité s’est ouverte à moi en 2018, quand Frédérick Lejeune m’a proposé de m’associer avec lui et de créer « Studio IN ». Nous proposons des services pour les particuliers et pour les professionnels : corporate et reportage pour les entreprises, mise en avant de produits, portrait de famille, grossesse, reportage événementiel, mariages, etc. Nous travaillons ensemble, mais nous avons également des commandes chacun de notre côté.
Par la suite, pas mal de choses ont bougé. J’ai intégré les associations « Poussière d’image » et « P.i. Studio », me permettant d’avoir accès à leur studio photo. Ainsi, je peux répondre au mieux à la demande. 2018, c’est aussi la création du collectif « 24/36 ».
Et pour finir, cette année, j’ai rejoint l’équipe de « JE VIS ZEN », réseau de professionnels, créé par Ludovic Treiber, offrant un annuaire local de services adaptés en matière de bien-être : ostéopathie, kiné, massage, coaching, musicothérapie, etc. J’apporte la charte graphique pour le site Internet, et je propose également des séances photos dites « thérapeutiques ». Je mets des guillemets à ce mot car c’est un peu à la mode en ce moment. Je ne veux surtout pas porter cette étiquette de thérapeute, je n’en ai pas les facultés. J’utilise la photographie comme vecteur de confiance en soi et de valorisation de sa personne.

En tant que professionnelle, quel est votre domaine photographique de prédilection et pourquoi ?
Mon domaine de prédilection, je dirais le portrait. Car depuis quelques temps j’ai un désir de travailler davantage avec l’humain. De parler du ressenti, de l’authenticité, de revenir à l’essentiel. J’ai toujours eu en quelque sorte une fascination de l’autre. Extraire le meilleur pour en faire quelque chose d’authentique. On apprend de l’autre, mais on apprend aussi de nous-même. C’est très constructif.

Vous êtes membres du collectif photo « 24/36 », pouvez-vous nous le présenter et nous expliquer sa finalité ?
Le collectif « 24/36 » a été créé en septembre 2018. Il est né de la collaboration de 6 photographes toulousains : Laura Puech, Frédérick Lejeune, Nicolas Pagès, Sandra Bossis, Daniel Boyé et moi-même.
Avec des visions et des sensibilités différentes, une approche photographique complémentaire et une finalité identique, nous partageons, ensemble, notre savoir-faire et notre faire-savoir autour du travail d’Auteur et autour du travail photographique dit « sociétal ». Dans ce domaine-là, notre collectif est ouvert à toute proposition de reportages sur le vif ou de séries plus approfondies.
En parallèle nous travaillons également sur un thème commun depuis un an. Le principe du collectif est de proposer chacun d’entre nous une série d’image autour de ce thème, aborder celui-ci avec notre œil et notre sensibilité propre à chacun. Et ainsi le dévoiler sous forme d’exposition.

Quelle est votre approche photographique de manière générale ?
Je pense avoir une approche sensible, empathique et bienveillante. La pratique artistique, c’est le langage de l’artiste. La photo, c’est la traduction de mes pensées, de mes réflexions personnelles, et mes expériences que j’ai pu acquérir au cours du quotidien. J’ai vraiment cette volonté d’exprimer ce que je vois autour de moi.
Et puis je pense aussi que je souhaite témoigner, donner la parole à ceux qu’on n’écoute pas, ou qui n’ose pas s’exprimer. Je parle de cela, car en ce moment je travaille sur le consentement sexuel. Textes et photos seront au centre du projet. Pour l’instant, je n’en dis pas plus.
Après ça m’arrive juste de prendre des images sur l’instant, lors de promenades par exemple. Quand je trouve ça beau et intéressant graphiquement. La photographie, en fait, suit tout simplement mon état d’esprit du moment.

Pour vous, qu’est ce qu’une « bonne » photo ?
Une bonne photo, c’est tout simplement une photo qui te parle. Chaque personne reçoit l’image différemment selon son expérience de vie et ses émotions. Bien évidemment sur le côté objectif, on parle de composition, de technique, de développement. Mais « une bonne photo » c’est plus subjectif qu’objectif.

Comment auriez-vous traité le thème « L’art de vivre », un des deux thèmes de ce Marathon photo MAP-Poussière d’image 2019 ?
Je l’aurais abordé peut être d’une manière simple et spontanée. Des éclats de rires au coin d’une rue, le regard complice entre des personnes, une accolade. Ou alors j’aurais fait écho à la peinture de René Magritte, « L’art de vivre », par une mise en scène drôle et décalée.

Site de Carmen : carmenlegros.com
Site du collectif : 2436collectif.wixsite.com/24-36

Carmen Legros par NicoToulouse