Alis Mirebeau, membre du jury du Marathon photo MAP-Poussière d’image 2019

Alis Mirebeau, quel est votre parcours photographique ?
J’ai récemment trouvé des photos venant d’un jetable que j’ai du faire quand j’avais 6/7 ans. C’était très mauvais et terriblement mal cadré. Je me rappelle avoir voulu prendre en photo le rosier devant ma maison d’enfance ; quand j’ai reçu les images, j’étais très triste car mon doigt cachait l’ensemble du buisson, mais aujourd’hui, ça me fait beaucoup rire. Lors de mes études secondaires artistiques, la photo est devenue le médium d’une grande majorité de mes projets. C’est à ce moment que j’ai envisagé de poursuivre mes études supérieures à l’ETPA. J’ai suivi le cursus de 3 ans en tant que praticien photographe puis j’ai obtenu un BEP ainsi qu’un Titre de photographe professionnel certifié de niveau II. Après l’obtention des diplômes, j’ai entamé les démarches administratives afin d’être photographe auteure. Depuis, j’exerce ce métier et continue mes projets personnels en parallèle.

En tant que professionnelle, quel est votre domaine photographique de prédilection et pourquoi ?
En tant qu’auteure, j’aime bien travailler sur l’intime, sur ce qui est caché… En y réfléchissant, c’est sûrement une manière de traiter mon voyeurisme et de répondre à des questionnements personnels ou des sujets de société controversés. Photographier, c’est ma manière méticuleuse d’observer et de traduire ce que je pense et ressens. J’ai beaucoup travaillé sur les autoportraits également, et à contrario du voyeurisme c’était sûrement une manière d’exprimer mon côté exhibitionniste et dramatique. Mais je pense que c’est derrière moi maintenant. En tant que professionnelle, je fais beaucoup de reportage. C’est la « famille » photographique qui me correspond le mieux car c’est la plus sincère à mes yeux. Un reportage peut être teinté d’un point de vue mais il ne ment pas; il correspond à une réalité, à un moment clef.

Quelle est votre approche photographique de manière générale ?
Mon approche photographique évolue tellement qu’il me serait compliqué de la définir. Elle est complètement changeante en fonction du sujet, du modèle, de la période… Je ne traiterais plus du tout de la même manière aujourd’hui certains projets sur lesquels j’ai travaillés il y a quelques années tandis que d’autres resteraient inchangés. J’essaie juste de traduire à travers mes images ce que je ressens au moment T, parfois ça marche, parfois c’est laid mais pour le moment ça m’est égal. L’important pour moi est dans un premier temps, de continuer à travailler et de faire ce que l’on aime. Si je devais donner un mot pour définir cette approche je dirais « agitée » mais si vous me posez la même question dans 10 ans, ma réponse sera peut-être différente.

Pour vous, qu’est ce qu’ une « bonne » photo ?
Je peux trouver une photo « bonne » de par sa technicité, sa retouche impeccable ou bien son esthétisme, mais si elle ne me fait rien ressentir je parlerais plutôt d’une photo réussie. J’ai pleuré en lisant « L’autre Guerre » de Miquel Dewever-Plana ; j’estime que c’est un « bon » livre photo car c’est une balance fine entre textes et images, c’est un tout. Mais de manière générale une « bonne » photo fait résonner quelque chose en moi, elle m’émotionne.

Si vous deviez créer ou rentrer dans un collectif photo, quel devrait être sa finalité et pourquoi ?
Si je devais rentrer dans un collectif, le plus important pour moi serait de porter les projets des autres comme on porte ses propres projets. La complémentarité et la bonne entente sont essentielles à mon sens. Les collectifs ont très souvent une force créatrice très puissante et c’est beau à voir car les membres se portent mutuellement. Les finalités pour moi seraient surtout la transmission, le partage, l’évolution…

Comment auriez-vous traité le thème « C’est magique », proposé aux participants mineurs du Marathon photo MAP-Poussière d’image 2019 ?
J’aurais certainement utilisé un temps de pause long afin de jouer avec le flou qui a toujours un côté magique de par son insaisissabilité et son évanescence.

Instagram : alismirebeau
Site d’Alis :
alismirebeau.com

Alis Mirebeau par NicoToulouse