Jef Delibes, Lauréat du Concours photo Poussière d’image

Après avoir été le grand Lauréat du dernier marathon photo Map-Poussière d’image, te voilà grand Lauréat du concours photo P.i.
Quels conseils pourrais-tu donner pour aborder un concours/marathon photo et particulièrement leurs thématiques ?

Je vais te répondre en toute modestie sur le marathon… Car finalement pour moi le concours n’est qu’un long marathon ! Une course de fond… et je les aborde de la même manière.
Personnellement j’attache beaucoup d’importance à la première image qui me vient dès que j’ai connaissance du sujet. C’est souvent la meilleure idée. Si j’ai oublié cette image hélas trop fugace je me promène en pensant sans cesse au thème et j’observe l’environnement. En général assez rapidement je tombe sur quelque chose d’intéressant, une première piste. Car finalement ce n’est pas l’objet qui compte mais l’interprétation que l’on en fait ; de quelle façon on va organiser la photo pour que ça corresponde au sujet proposé. Je ne sais plus quel grand photographe a dit qu’on pouvait traiter tous les sujets dans son jardin !
Il ne faut surtout pas s’affoler mais plutôt se « hâter lentement ». Je me donne un quart du temps pour trouver le sujet, une moitié du temps pour le réaliser et le dernier quart de temps pour faire le tri. On peut s’entraîner en s’amusant tous les jours. Il suffit de prendre un mot au hasard dans le dictionnaire !
Le choix de la photo finale est certainement le moment le plus difficile. Je me pose toujours plusieurs questions : Quelle histoire raconte ma photo ? Est-elle bien exposée ? Bien composée ? Quels sont ses défauts (on dit qu’un défaut annule dix qualités !) Une bonne composition va générer une émotion que l’on peut qualifier d’esthétique et le sujet en lui-même va donner une autre émotion que je qualifierai d’affective. Si les deux émotions sont présentes et si elles se complètent c’est une grande chance.
Je trouve que c’est bien de travailler dans la contrainte et la difficulté. J’ai un gros défaut, je me dis que ce n’est jamais assez bon ! Le marathon ou le concours, m’oblige à rendre une photo ! Je serai malheureux si j’abandonnais en cours de route.

Peux-tu nous raconter l’histoire de ta photo « Passé-présent » ?
La première image qui m’est venue à l’esprit c’était une personne âgée qui regardait vers son passé. Pour symboliser ce passé j’ai pensé utiliser un objet ou une photo. J’ai un ami d’enfance, amateur lui aussi de photographie, qui avait fait des nus lorsque nous étions étudiants. Je l’ai appelé et il a tout de suite été d’accord. Je lui ai demandé d’apporter une photo. J’ai ensuite réalisé plusieurs clichés chez moi en lui demandant de regarder cette photo en pensant à son passé, sa jeunesse. J’ai sélectionné trois clichés que j’ai regardés matin et soir pendant plusieurs jours. Puis il y a eu comme une évidence. Là encore c’est l’émotion qui a décidé. Mais avec toujours ces mêmes questions. Est-ce bien dans le thème ? Est-elle bien composée ? Quels sont ses défauts ? Je me souviens avoir longtemps hésité entre la photo que j’ai présentée et la même en inversion horizontale. L’émotion était complètement différente… J’ai finalement choisi celle dont le sens de lecture était « passé à gauche » et « présent à droite » mais où le « Éric jeune » regarde vers le futur et en haut et où le « Éric âgé » regarde vers le passé et en bas. Regards qui se croisent sans se rencontrer …

Et l’histoire de ton cliché pour le thème « Ma photo préférée » ?
Ça c’est fait vraiment au dernier moment. Je trouvais dommage de ne pas participer aux deux thèmes. J’ai alors cherché dans mon catalogue et j’ai choisi cette photo prise à Golfech avec un appareil que je trimballais toujours avec moi. J’avais complètement oublié ce cliché et là, tout à coup, avec le contexte actuel, elle m’a beaucoup plu. J’avais eu de la chance d’avoir le soleil exactement dans cette position. Heureusement que j’avais fait un bracketing, j’ai pu récupérer du détail dans les ombres et avoir aussi un soleil bien exposé. J’ai ensuite renforcé le côté surréaliste inquiétant avec deux filtres colorés et ça a donné « Le Christ irradié » ! (rire).

Après quelques saisons comme adhérent, qu’est-ce que t’a apporté notre association photo Poussière d’image ?
J’ai découvert Poussière d’image il y a quelques années, je ne sais plus quand exactement (quand on aime on ne compte pas !) et j’ai tout de suite accroché, c’était exactement ce que je cherchais. Un groupe de photographes passionnés, généreux, exigeants mais qui n’ont pas la grosse tête ! On était immédiatement plongé dans juste ce qu’il faut de théorie, beaucoup de pratique et énormément de bienveillance. Des premières séances de studio avec des projos de chantier aux reportages et aux sorties en co-voiturage, Poussière d’image m’a énormément appris. Le travail, la rigueur, la maîtrise du matériel et des logiciels de développement. Tout ça dans la convivialité et le partage. Rien n’est plus agréable que discuter autour d’un verre des photos prises lors d’une sortie. Apprendre dans la bonne humeur il n’y a rien de tel pour bien retenir les leçons !
Merci à Nicolas Pagès pour ses soirées « travail d’auteur » où j’ai découvert qu’il fallait travailler (eh oui !), merci à Daniel Boyé pour le studio et le clair-obscur, merci à Pierre Petibois, Laurent Vigliéno, Marie Civel, Eelco de Lange, Bakary Diakhité … et tous les autres bénévoles et passionnés qui font que cette association existe ! Et encore un grand merci à Nico, fondateur de l’association Poussière d’image.

 

Thème : “Passé-présent”

 

Thème : “Ma photo préférée”